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Title: L'Illustration, No. 3229, 14 Janvier 1905
Author: Various
Language: French
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*** Start of this LibraryBlog Digital Book "L'Illustration, No. 3229, 14 Janvier 1905" ***


[Illustration: LA REVUE COMIQUE par Henriot.]

L'ILLUSTRATION, 14 Janvier 1905, 63e année--Nº 3229.



[Illustration: M. Debrie, expert. M. Boucard. Mme Syveton Agent figurant
le cadavre. M. Périssé, expert.

COMMENT EST MORT M. GABRIEL SYVETON?

La position dans laquelle a été retrouvé le corps, reconstituée avec
l'aide de Mme Syveton, devant M. Boucard, juge d'instruction, et les
experts.

D'après une photographie officielle de M. Bertillon et un croquis d'un
assistant.]

AVIS AUX ACTIONNAIRES de l'Illustration

MM. les Actionnaires de la Société du Journal l'ILLUSTRATION sont
convoqués en Assemblées générales ordinaire et extraordinaire pour le
mardi 31 janvier courant, au siège social, 03, rue Saint-Georges, Paris,
à deux heures.

ORDRE DU JOUR DE L'ASSEMBLEE ORDINAIRE:

Examen et approbation, s'il y a lieu, du bilan et des comptes de
l'exercice 1904--Répartition des bénéfices.--Fixation du
dividende.--Renouvellement du conseil de surveillance.

--Fixation du prix auquel le gérant pourra procéder au rachat d'actions
de la Société en 1905.--Quitus à donner à la succession de feu M.
Depaepe des comptes de sa gérance.

--Tirage au sort des obligations à rembourser en 1905 et remboursement
par anticipation de la totalité des obligations 4% 1902.

ORDRE DU JOUR DE L'ASSEMBLÉE EXTRAORDINAIRE:

Nomination du gérant.--Détermination de ses pouvoirs--Fixation de son
traitement et des avantages à lui accorder et notamment modification de
l'article 25 des statuts.--Modifications statutaires qui seront la
conséquence des décisions prises.--Modification de l'article 27 des
statuts.

--Et généralement statuer, s'il y a lieu, sur toutes mesures à prendre
dans l'intérêt social.

Pour assister à cette Réunion, MM. les Actionnaires propriétaires de
titres au porteur doivent en faire le dépôt, avant le 26 du courant, à
la Caisse de la Société. Il leur sera remis en échange un récépissé
servant de carte d'entrée.

____________________________________________________________________


COURRIER DE PARIS

JOURNAL D'UNE ÉTRANGÈRE

L'année s'est ouverte sur une hécatombe dont quelques personnes, amies
des bêtes, se montrent justement affectées. A propos d'une mystérieuse
affaire où il semble que la politique tienne tout de même un peu plus de
place qu'il ne faudrait, MM. les experts ont éprouvé le besoin de
chercher dans l'extermination d'un grand nombre de chiens l'explication
de la mort d'un homme; et la Société protectrice des animaux se fâche;
elle estime que tant de meurtres étaient inutiles à la démonstration
qu'on veut faire. Elle n'eût point protesté, sans doute, s'il ne se fût
agi que de cobayes ou de lapins. Le cobaye et le lapin ne sont point
considérés comme animaux «amis de l'homme», et ce n'est qu'à cette
catégorie de bêles que la Société protectrice accorde, comme on sait, sa
protection. Je ne comprends pas le motif d'une si étrange inégalité de
traitement, et je me demande si c'est être vraiment juste et charitable
que de ne l'être qu'avec ses amis.

Ceci me rappelle un petit tableau qui me frappa, la première fois que je
revins à Paris, il y a deux ans. Un cheval était arrêté, faubourg
Montmartre, au seuil de la dure montée de la rue des Martyrs. L'homme
qui le gardait portait un brassard où s'inscrivaient des initiales dont
je demandai la signification à l'ami qui m'accompagnait. Mon ami
m'expliqua que cet homme était un agent de la Société protectrice des
animaux et que sa mission consistait à prêter renfort, de temps à autre,
aux attelages trop chargés et à alléger pour les pauvres chevaux la
fatigue de cette montée. Je regardai le cheval. En attendant le moment
de secourir ses frères, il rêvait au bord du trottoir, le nez tourné
vers une blanche tête de veau qui semblait sommeiller, avec deux petits
bouquets d'herbes dans les narines, à l'étalage d'une boucherie. Tout
autour s'alignaient, blancs et roses, des morceaux de bêtes décapitées,
écorchées, dépecées. Et ce cheval songeait peut-être: «Etranges façons
de nous aimer! On nous tue, on nous découpe, on nous mange; mais on ne
veut pas que nous nous fatiguions; le coup de couteau, oui... le coup de
fouet, non... Pourquoi?»

La bonté de l'homme est, en effet, pleine de lacunes qui échappent au
raisonnement des bêtes.

... Soirée _at home_. Quelques amis d'il y a deux ans sont venus me
rejoindre dans le coin d'hôtel où j'aime à me reposer, la journée finie,
du tapage de la rue. C'est mon cousin Franz Bénaly, dont la tendresse
inquiéta naguère ma sauvagerie et qui consent à ne plus me faire la
cour; c'est Bonnafousse (extrême-gauche du Conseil municipal), plus
farouchement verbeux que jamais; c'est le député Delbon, dont je goûte
la belle tenue et les sages raisonnements. On parle des récentes
distributions de rubans rouges; on cite des noms que je ne connais pas;
et Bonnafousse est plein de verve. Il s'écrie:

--Une croix m'a beaucoup amusé: c'est celle de Pauvert de la Chapelle.
Vous ne connaissez pas, madame, M. Pauvert de la Chapelle?

--Du tout.

--C'est un vieillard qui habite une petite ville d'Italie--Sienne, je
crois--et qui vit là en ermite. Il collectionne des médailles anciennes
d'un grand prix et il se montre si difficile, si raffiné dans ses choix
qu'en un demi-siècle il n'en a trouvé que cent soixante-sept qui fussent
dignes de figurer dans sa collection.

--Et c'est pour récompenser sa patience qu'on le décore?

--Non pas; c'est pour récompenser sa générosité, car il a fait don de
ces médailles à l'Etat. Son intention était de les lui léguer. Mais il a
eu peur de ne pas mourir assez vite, et c'est de ce scrupule que le
gouvernement le remercie en lui donnant le ruban rouge. Je trouve cela
très comique. On semble vouloir dédommager ce collectionneur vénérable
du sacrifice qu'il s'imposa en renonçant de son vivant à la jouissance
du joli trésor qu'il avait formé. Mais pensez-vous que ce soit là un
sacrifice et ne vous semble-t-il pas, au contraire, que la privation à
laquelle consentit ce spirituel vieillard est d'avance compensée par le
spectacle de la joie qu'il nous procure et par un certain orgueil de
faire de l'Etat--lui vivant--son obligé? Un mort ne jouit pas du plaisir
de faire plaisir, et c'est probablement ce que s'est dit M. Pauvert, de
la Chapelle. Il a pensé au sourire de gratitude dont un ministre
honorerait son exécuteur testamentaire, le jour où lui seraient
notifiées par celui-ci ses volontés dernières: et il a été jaloux, il a
voulu pour lui ce sourire-là, tout de suite... Il l'a eu. Et on lui
donne la croix par-dessus le marché. C'est un malin.

Le député Delbon répondit:

--Bonnafousse, vous êtes sévère et je ne partage pas votre avis. Je
trouve même que la croix de M. Pauvert de la Chapelle fut mieux que la
reconnaissance d'une action généreuse: elle est la récompense d'un geste
de courage. En voulez-vous la preuve? Observez autour de vous les gens
âgés que le hasard a faits riches. Il n'y en a pas beaucoup qui osent
faire un testament,--s'attarder à l'idée de leur propre fin, parler de
choses qui se passeront _après eux_ et dont leur mort est la condition
nécessaire... Il n'y a pas beaucoup d'hommes qui osent cela; et il y en
a moins encore qui, devançant l'heure où ils auront disparu du monde,
aient le courage de se donner à eux-mêmes, en se séparant des choses qui
composaient le décor familier, la parure, ou la raison d'être de leur
vie, la _vision_ de cette fin-là. Un vieillard qui n'a vécu que pour
collectionner des médailles, et qui les donne, a certainement la
sensation,--en se regardant le lendemain matin dans sa glace--de faire
la barbe à quelqu'un qui n'est plus vivant tout à fait. Et la preuve
qu'il faut un peu de courage pour faire cela, Bonnafousse, et froidement
se traiter soi-même en personne défunte, c'est que, de tous les
millionnaires que nous connaissons, vous et moi, il n'y en a pas un qui
s'y soit encore décidé...

Des lumières, des fleurs, une cohue de fourrures et de chapeaux
fleuris... c'est le premier Salon de 1905, inauguré ces jours-ci:
l'«Exposition des Femmes artistes», où Natenska m'a traînée, malgré le
mauvais temps. Rien que des visages de femmes, dans le plus affolant des
vacarmes; elles parlent toutes à la fois, et cela fait comme un brouhaha
d'usine en marche. Impossible d'arriver jusqu'aux tableaux; j'ai la
migraine; Natenska me dit: «Je parie que tu voudrais bien t'en
aller?--Je t'en supplie...--A ton aise; et je vais te faire prendre un
bain de repos... Il y a de tout, à Paris».

Elle a hélé un fiacre, en riant: «Saint-Etienne du Mont!»

... Dans un coin de la place Sainte-Geneviève, la petite église érige,
sous le brouillard, sa façade de pierres noircies. Il tombe une pluie
fine et c'est, autour du monument, une agitation silencieuse d'hommes et
de femmes--de femmes surtout--qui vont et viennent, de fiacres,
d'automobiles dont les grosses roues filent sans bruit sur le sable
mouillé. La neuvaine de sainte Geneviève est la première fête de
l'année, et, depuis une semaine, les Parisiens et les Parisiennes dont
les âmes sont demeurées fidèles au goût de la prière ont repris le
chemin de Saint-Etienne du Mont, viennent écouter là des sermons,
murmurer des cantiques et brûler de petits cierges autour de la
sépulture dorée de la «patronne de Paris». Cela se fait d'une façon très
discrète, et l'on dirait une fête de famille à laquelle le reste du
quartier demeure tout à fait indifférent. L'église est pleine de gens
qui prient, qui méditent ou qui, simplement, «regardent». Je frôle au
passage des chapeaux de «bourgeois» et des casquettes, des fourrures et
des châles usés. Devant plusieurs chapelles, des femmes sont
agenouillées; des ouvriers flânent autour des piliers, considèrent d'un
oeil curieux les longues bannières bleues suspendues de chaque côté du
choeur et, plus loin, un petit étendard blanc, semé de fleurs d'or
passé,--l'étendard de la sainte. L'orgue joue en sourdine en attendant
que le sermon commence, et les «pèlerins» continuent de se suivre,
d'affluer sans bruit vers le coin d'église où flamboie l'or de la
sépulture entr'ouverte. Sous la profusion des petits cierges qu'un
bedeau à long tablier bleu redresse, ou rallume, ou remplace sans cesse
d'un geste affairé, le sarcophage apparaît comme hérissé de baguettes de
feu; et, devant l'ouverture pratiquée à l'une de ses extrémités, un
prêtre se tient debout, reçoit les menus objets que cent mains lui
tendent--une médaille, une petite image, un lambeau d'étoffe pliée--fait
au-dessus de chaque objet le signe de la croix, puis, par l'orifice
béant, lui fait toucher la place où repose la sainte dépouille. Parfois
la femme qui vient de recevoir des mains du prêtre le petit objet
sanctifié s'agenouille: il soulève au-dessus d'elle le pan droit de son
étole et la bénit.

J'ai regagné la rue. Devant l'église s'alignent trente baraques en bois:
la «foire aux chapelets». Et c'est comme un chapelet aussi que forme,
allongé sur la chaussée boueuse, le cordon des menues boutiques, toutes
pareilles, serrées les unes contre les autres, sous l'averse froide. Des
voix douces m'interpellent: «Une image de sainte Geneviève, madame?...
Un joli chapelet?... Des cartes postales?...» Une petite vieille, trop
pauvre pour être locataire d'une baraque, a rassemblé sur un pliant
quelques objets de piété qu'elle protège de son parapluie: «Un chapelet,
madame?» La place est vide; autour des boutiques, il n'y a pas dix
passants. Suis-je à Paris ou à Bruges? Je ne sais plus. Singulière
ville...

Sonia.


_LES FAITS DE LA SEMAINE_

FRANCE

4 janvier.--Escale, à Brest, du croiseur-cuirassé _Essex_ conduisant en
Egypte le duc de Connaught, frère du roi d'Angleterre et généralissime
de l'armée britannique, accompagné de la duchesse et de ses deux filles.
Salué par les autorités, le duc va rendre les visites officielles à la
préfecture maritime et à la sous-préfecture; le soir, il offre un dîner
à bord de l'_Essex_. Ses sympathies pour la France s'expriment en outre
dans un télégramme adressé au chef de l'Etat.

8.--A Ville-d'Avray, cérémonie annuelle commémorative de l'anniversaire
de la mort de Gambetta, sous la présidence du ministre de la guerre,
assisté de M. Trouillot, ministre du commerce. Discours de M. Berteaux,
faisant appel au loyalisme des chefs de l'armée.--Dans le deuxième
arrondissement de Paris, scrutin pour l'élection d'un député en
remplacement de M. Gabriel Syveton, décédé. L'amiral Bienaimé, récemment
démissionnaire, candidat du parti nationaliste, élu par 6.437 voix
contre M. Bellan, syndic du Conseil municipal, républicain ministériel,
qui obtient 5.165 voix.

[Illustration: Le vice-amiral Bienaimé, député du IIe arrondissement de
Paris.--_Phot. E. Pirou_.]

9.--La commission internationale d'enquête sur l'incident de Hull tient
sa première séance plénière. Sur la proposition de l'amiral Spaun, la
présidence de la commission est attribuée à l'amiral Fournier.

10.--Rentrée des Chambres pour l'ouverture de la session ordinaire de
1905. M. Paul Doumer est élu président contre M. Brisson.

ÉTRANGER

31 décembre.--Signature de la convention d'arbitrage entre les
Etats-Unis et l'Espagne.

1er janvier.--Combat au Maroc, près de la frontière algérienne, entre
des cavaliers du prétendant et des troupes du Makhzen.

3.--Modification essentielle des partis en Hongrie: le parti Apponyi et
la fraction Ugron fusionnent avec le parti de l'indépendance, dont le
chef est François Kossuth, et acceptent son programme dirigé contre le
compromis de 1867 et réclamant une union strictement personnelle
(c'est-à-dire uniquement fondée sur la personne de l'empereur-roi) avec
l'Autriche. Le parti de l'Indépendance compte ainsi 116 députés.--La
réponse du sultan du Maroc à la lettre du ministre de France arrive à
Tanger; elle confirme les assurances de bonne volonté déjà données
verbalement par Abd el Aziz à notre consul à Fez; le sultan déclare
qu'il n'a jamais pensé à se priver des services de la mission militaire
française et il prie notre ministre de se rendre auprès de lui, à
Fez.--La garnison marocaine d'Oudjda, ayant attaqué les troupes du
prétendant, est battue par celles-ci, aidées du contingent de Bou Amama;
ses pertes sont sérieuses.

4.--L'empereur-roi lit aux députés hongrois le discours du trône,
renvoyant la Chambre et fixant les élections du 25 janvier au 5
février.--Décret royal de dissolution de la Chambre grecque, fixant les
élections au 5 mars.--En Roumanie, le cabinet vieux-conservateur Georges
Cantacuzène remplace le cabinet libéral Demètre Stourdza.

5.--Publication de la lettre du prince Troubetzkoï, président du zemstvo
de Moscou, au ministre de l'intérieur; le prince y demande que le tsar,
«en face de la révolution qui menace, ait confiance en la nation et dans
ses corps constitués».--Décret royal de dissolution de la Chambre
roumaine, fixant les élections aux 1er et 11 février.


LA GUERRE RUSSO-JAPONAISE

Nous avons annoncé, la semaine dernière, la capitulation de Port-Arthur,
signée dans la soirée du 2 janvier. Depuis la première attaque dirigée
contre la place, la bataille de trois jours de Kin-Tchéou (26 mai), sept
mois s'étaient écoulés, sept mois d'attaques sans cesse renouvelées et
de bombardement continu. Toutes les nations, et jusqu'au souverain du
Japon lui-même, ont rendu hommage à l'héroïsme de Stoessel, de ses
officiers, de ses hommes.

[Illustration (paire):

L'amiral Doubassov (Russe).--_Phot. Levitsky_.

L'amiral baron de Spaun (Autrichien).--_Phot. Grillich._

LES DEUX NOUVEAUX MEMBRES DE LA COMMISSION d'ENQUÊTE SUR L'INCIDENT
ANGLO-RUSSE DE HULL]

L'armée assiégée comptait, au début, 35.000 hommes; 11.000 furent tués,
16.000 étaient malades ou blessés; ne restaient plus dans les forts que
8.000 hommes, dont 2.000 environ n'étaient pas en état de combattre.
Pendant le siège, 265% des hommes furent mis hors de combat: ce chiffre
extraordinaire s'explique par ce fait que de nombreux soldats blessés
successivement plusieurs fois (jusqu'à 7 fois) retournèrent se battre
après chaque guérison. Sur 10 généraux, 2 furent tués, 1 mourut, 2
furent blessés, 1 fut contusionné. Sur 9 commandants de régiments, 2
furent tués, 2 moururent de blessures, 4 furent blessés. Sur 8
commandants de batteries, 1 fut tué, 5 furent blessés.

D'après le texte de la capitulation, toute la garnison était
prisonnière. Les officiers pouvaient garder leurs épées; il leur était
permis de rentrer en Russie, contre leur parole de ne plus servir
jusqu'à la fin des hostilités; le tsar, par télégramme, les a autorisés
à donner cette parole. Tous les forts, batteries, navires, matériel,
etc., devaient être remis dans l'état aux Japonais. Cette convention a
été immédiatement exécutée. Dès le 3, à midi, les Russes évacuaient les
forts de Itzé-Chan, Antzé-Chan, Kaiyang-Kow. Le 4, au matin, commençait
le transfert du matériel. Le 5, commençait la pénible opération du
désarmement; elle a eu lieu dans le village de Yakoutsoui, près du
rivage de la baie du Pigeon. Les prisonniers de guerre étaient ensuite
dirigés sur Dalny, d'où ils partiront pour le Japon. Le même jour, le 5,
un premier détachement japonais entrait dans la ville pour maintenir
l'ordre. L'entrée officielle des vainqueurs a été fixée au 8. Sur 878
officiers, 441, jusqu'à présent, ont donné la parole demandée par le
général Nogi et retourneront en Russie; le général Stoessel est parmi
ces derniers.

La deuxième escadre du Pacifique est arrivée,--après avoir contourné le
cap de Bonne-Espérance et, par le sud, Madagascar,--sur la côte nord-est
de la grande île; les cuirassés de l'amiral Rodjestvensky jetaient
l'ancre, le 2, à Sainte-Marie de Madagascar; le 3, les navires de
l'amiral Falkersam mouillaient dans la baie de Passandeva; le point de
concentration serait décidément la rade de Diego-Suarez.

--Les préparatifs de la 3º escadre sont poussés avec vigueur, à Libau.

Une escadre japonaise continue à croiser dans les environs de Singapour;
4 croiseurs ont été vus sur le littoral oriental de Sumatra; le 6, un
croiseur a reconnu l'entrée du port de Manille.


M. VADECARD

[Illustration: M. Vadécard.--_Phot. Marius._]

M. Vadécard, dont le nom vient d'acquérir, à la suite d'incidents
retentissants, une notoriété quasi universelle, est, nul ne l'ignore
aujourd'hui, le secrétaire général du Grand-Orient de France.
L'importance soudainement révélée de son rôle dans l'affaire désormais
historique dite «des fiches» l'ayant mis au premier plan de l'actualité,
sa personne ne pouvait rester à l'abri de la curiosité des profanes,
derrière les murailles du Temple où il exerce ses fonctions avec une
activité discrète. De ce jour, la publication de sa biographie
s'imposait. Déjà la presse quotidienne l'a répandue à des milliers
d'exemplaires; bornons-nous donc à en résumer les points exacts.

Fils de travailleurs de modeste condition, M. Vadécard est né dans la
Seine-Inférieure. Des bancs de l'école primaire, il passa au pupitre
d'une étude de notaire, puis, appelé sous les drapeaux, fit son service
comme artilleur; à sa sortie du régiment, il obtint un emploi à
l'administration centrale du Grand-Orient, devint sous-chef du
sous-secrétariat et enfin secrétaire général. Ce titre, ses qualités
d'ancien administrateur de la caisse des écoles du quatorzième
arrondissement de Paris, sa collaboration à divers journaux et revues
d'un républicanisme plutôt foncé lui valaient le ruban rouge, au mois de
janvier de l'an dernier.

Mais rien ne saurait mieux compléter cette notice sommaire que la
physionomie même du personnage, et, s'il est un soin qui tout
particulièrement incombe à un grand périodique illustré, c'est de la
faire connaître au public. Nous donnons donc son portrait, document rare
et presque inédit, jusqu'à présent, d'après une photographie récente,
ressemblance garantie. Cette fidèle image d'un des plus fervents
zélateurs d'un genre d'apostolat qu'il ne nous appartient pas
d'apprécier ici nous montre un homme encore jeune (trente-huit ans), un
visage d'apparence bénigne au premier abord, mais où les traits
caractéristiques, à les observer de près, annoncent un esprit réfléchi,
méthodique et ferme en ses desseins.

Loin de renier son humble origine, M. Vadécard s'honore d'être un enfant
du peuple; il se flatte de devoir surtout à son labeur la haute
situation qu'il occupe aujourd'hui dans la puissante association
maçonnique de la rue Cadet. Certes, sa place n'est point une sinécure, à
n'en juger que par l'organisation du fameux système de «fiches» dont il
fut la cheville ouvrière. A ce sujet, d'ailleurs, le secrétaire général
du Grand-Orient, soucieux de départir les responsabilités, déclare en
propres termes que, «si, depuis février 1901, il a contribué à fournir
au ministère de la guerre les moyens de contrôler les sentiments et les
tendances politiques des officiers de l'armée française, c'est sur la
demande expresse du ministre, au vu et au su de son entourage immédiat».


[Illustrations (4): Mme Barnay, M. Sylvain Périssé, ingénieur, M. le Dr
Pouchet, M. Girard.]

[Illustration: La dernière lettre écrite par M. Gabriel Syveton à son
père, quatre jours avant sa mort.]

[Illustration: LA CHEMINEE A GAZ DU CABINET DE TRAVAIL DE M. SYVETON.

_La tache noire que l'on aperçoit au milieu du manteau blanc de la
cheminée est un débris des scellés de justice qui fermaient le tablier
et qui ont été brisés pour les expertises judiciaires._]

[Illustration: LE CABINET DE TRAVAIL DE M. SYVETON

Photographie officielle prise par M. Bertillon après la mise en place
devant la cheminée d'un agent de la sûreté figurant le cadavre.]


[Illustration: Casbah de Saïdia. Village des Bocoyas. Phare
Panorama de Port-Say et de la plaine des Oulad-Mansours.]

Le prétendant Moulay-Mohammed, celui que les Merarbas appellent le Rogui
(le Révolté), après une assez longue période d'inaction, est rentré en
scène à la frontière algéro-marocaine. Le 31 décembre dernier, il avait
envoyé 500 cavaliers attaquer la casbah de Saïdia, située à l'embouchure
de l'oued Kiss, qui forme en cet endroit près du rivage méditerranéen la
frontière entre l'Algérie et le Maroc.

Il fut d'abord repoussé avec de grandes pertes par le pacha El Hadj
Allai, commandant militaire de la casbah. Mais, quelques jours après,
grâce aux cavaliers de Rou Amama, il fut vainqueur de la mahalla
d'Oudjda et prit sa revanche sur les troupes du pacha, qu'il battit
complètement dans la plaine des Triffas.

Les dépêches, qui nous apportaient ces nouvelles de Port-Say, ajoutaient
que les Marocains, démoralisés, franchissaient l'oued Kiss et
s'établissaient sur le territoire algérien.

En présence de ces événements le général Servières, chef du 19e corps,
ordonna au capitaine Quoniam commandant les zouaves d'Adjeroud de
déplacer son camp et de prendre position à l'entrée de Port-Say, pour
protéger la petite colonie.

Port-Say est situé, en effet, à 1.200 mètres environ de la casbah de
Saïdia, d'où l'on aperçoit les petites maisons blanches et les tuiles
rouges de la ville naissante.

Fondée, il y a cinq ans, par M. Louis Say, lieutenant de vaisseau de
réserve, à l'extrémité orientale de la plaine des Oulad-Mansours et de
la plage du Kiss; située à l'embouchure d'un oued, route naturelle en
Algérie qui, par le cirque d'Adjeroud, la met en communication avec la
plaine des Triffas et la grande plaine des Angads où se trouvent Marnia
et Oudjda, la nouvelle ville est le débouché de tous les produits
agricoles de la région.

L'énergie de M. Louis Say et l'activité intelligente de ses
collaborateurs, dont l'un des principaux est M. Bourmancé, facilitent
aux négociants les transactions commerciales.

Un port est en construction et un abri temporaire permet à de petits
bateaux plats, en usage aussi à Tanger et appelés «gondoles», les
embarquements d'orge, de bestiaux, ou les débarquements de matériaux et
d'approvisionnements, destinés au camp des zouaves et au bordj des
spahis.

[Illustration: Port-Say, vu de la plage du Kiss.]

[Illustration: Débarquement d'orge à l'abri de la première jetée de
Port-Say.]

Le pacha El Hadj Allai lui même a souvent recours aux marins bocoyas de
M. Say. Récemment les Bocoyas, des Riffains établis à Port-Say,
opérèrent le débarquement de plusieurs milliers de quintaux d'orge
achetés en Algérie pour ravitailler la casbah et les silos de la plaine
des Oulad-Mansours, dévastés par la guerre actuelle.

Non seulement les Marocains viennent à Port-Say pour échanger leurs
produits, mais encore, lorsqu'ils sont malades, ils y trouvent les soins
et les remèdes nécessaires. Il existe même à Port-Say une école où les
petits Marocains apprennent le français.

Enfin, à l'entrée de la grande avenue, dite de Marnia, s'élève une
construction élégante de style barbaresque: c'est le «Colonial Club» où
chaque soir, après le dur labeur de la journée, M. Say se réunit avec
ses collaborateurs.

Tout cela est bien de la vraie «pénétration pacifique» et l'on voit que
nos colons algériens, comme nos diplomates, ne restent pas inactifs dans
l'accomplissement de la mission dévolue à la France.

A. Gautheron


[Illustration (paire): Le cirque d'Adjeroud: carrefour-frontière des
sentiers de mulet allant, à droite, vers le Maroc, à gauche, vers
l'Algérie.

A Port-Say: le Colonial Club où se réunissent les collaborateurs de M.
Say.

SUR LA FRONTIÈRE ALGÉRO-MAROCAINE]


VLADIVOSTOK

[Illustration: Le port et la ville de Vladivostok: au centre, le
croiseur "Rossia", remis en état; au premier plan, groupe d'officiers et
de fonctionnaires.--_Phot. Marcerou-Schreter et Cie._]

Les Japonais ont souvent annoncé qu'aussitôt après la chute de
Port-Arthur ils dirigeraient leurs efforts contre Vladivostok.

La prise de Port-Arthur leur a coûté huit mois d'efforts et 90.000
hommes de pertes: la prise de Vladivostok serait encore plus difficile.

Cette forteresse, en effet, est dans une situation naturelle bien plus
avantageuse que Port-Arthur et son organisation défensive est également
plus solide.

Elle est située à l'extrémité d'une presqu'île rectangulaire de 30
kilomètres de long sur 10 de large, qui s'avance entre le golfe de
l'Oussouri et celui de l'Amour. Ce dernier, large d'environ 12
kilomètres, est entièrement battu par le feu des forts; en outre il est
semé de petites îles, de rochers à fleur d'eau ou d'écueils cachés, qui
y rendent la navigation extrêmement périlleuse: l'accident du _Bogatyr_
l'a assez prouvé.

La rade est protégée, sur le front de mer, par une grande île montueuse
aux formes tourmentées, l'île Russe (Rouski) qui crée en avant d'elle
deux goulets, le Bosphore oriental et le Bosphore occidental ou détroit
de l'Ouest. Cette île était déjà au début des hostilités couverte de
fortifications, innombrables aujourd'hui.

Le port se trouve, enfin, au fond d'une rade merveilleuse, la Corne
d'Or, de 6 kilomètres de longueur, assez profonde pour être accessible
tout entière et à toute marée aux plus grands navires, assez grande pour
pouvoir donner l'hospitalité à toutes les flottes du monde réunies. La
Corne d'Or est protégée des vents de tous côtés par les sept collines
qui l'entourent, hauteurs couvertes, elles aussi, de forts permanents et
de travaux multiples. On peut donc dire que, du côté de la mer,
Vladivostok est inabordable.

A côté de ces avantages considérables, ce grand port souffre d'un grave
défaut: plus éloigné que Port-Arthur des courants chauds bienfaisants,
il voit tout le long des côtes la mer se geler pendant environ trois
mois par an, généralement de la mi-décembre à la mi-mars. La Corne d'Or,
elle, n'est prise, en moyenne, que pendant une quinzaine de jours.

La glace n'est d'ailleurs pas un obstacle absolu: les Russes au moyen de
deux puissants brise-glace, dont le principal est le _Baïkal_ de 4.000
tonneaux, ont toujours pu assurer, en plein hiver, les actives
transactions commerciales du port, en ouvrant un chenal aux navires;
mais il ne faut pas se dissimuler que ce mode de passage n'est pas très
favorable aux évolutions d'une escadre battue ou poursuivie. C'est pour
cette raison que l'escadre de la Baltique n'a aucun intérêt, fût-elle
même suffisamment renforcée, à tenter la lutte contre la flotte
japonaise avant l'époque du dégel. Du côté de la terre, la situation de
Vladivostok est également fort avantageuse: la péninsule est couverte de
montagnes de 200 à 500 mètres d'altitude, solidement fortifiées, offrant
toute une série de défenses successives qui rappellent celles du Kouang
Toung, avec cette différence qu'elles sont appuyées sur des ouvrages de
fortification permanente construits à loisir, au lieu des ouvrages
improvisés des avant-lignes de Port-Arthur, dont l'enlèvement a
cependant demandé aux Japonais trois mois de lutte sanglante. S.-F.

[Illustration: Carte de Vladivostok et de ses abords, dressée d'après
les documents les plus récents. LA DERNIÈRE BASE NAVALE DES RUSSES EN
EXTRÊME-ORIENT]


[Illustration (2 pages): LA FIN DE LA RÉSISTANCE DE PORT-ARTHUR

Le général Stoessel visite dans les défenses avancées les survivants de
cinq jours et cinq nuits de combat.]

«_Grand souverain, pardonne-nous, nous avons fait ce que humainement il
était possible. Juge-nous, mais miséricordieusement. Pendant presque
onze mois, une lutte ininterrompue a épuisé nos forces; un quart
seulement, dont moitié même sont malades, des défenseurs occupent sans
secours 27 verstes de forteresse sans pouvoir même alterner pour un
court repos. Les hommes sont devenus des ombres._»

Télégramme du général Stoessel à l'empereur Nicolas II. 1er janvier
1905.

[Illustration: Un des candélabres du quai du Léman.--_Phot.
Bonnet-Favaron._]

[Illustration: Le quai du Léman (au fond, à gauche: la jetée).--_Phot.
Bonnet-Favaron._]

[Illustration: Pavillon de la terrasse du parc Mon-Repos.--_Phot.
Borrey._]

[Illustration: Arbustes et massifs devant les villas du quai du
Léman.--_Phot. Quay-Cendre._]

[LES QUAIS DE GENÈVE SOUS LA GLACE

_Une bise violente soufflant sur le lac Léman et chassant l'eau par
rafales, le 1er et le 2 janvier, au moment où la température descendait
à un degré de froid exceptionnel, a produit sur toutes les végétations
proches du rivage et le long des quais de Genève un effet de congélation
véritablement remarquable. Les arbres et les massifs des villas qui
bordent le lac, les parapets et les candélabres des quais de la
ville--ces candélabres ne se dressent pas à moins de 7m,50 au-dessus du
niveau de l'eau--se sont recouverts d'une épaisse couche de glace
offrant un aspect hyperboréen des plus inattendus._]


[Illustration: GRAVURE D'A. TILLY FILS TABLEAU D'ALBERT GUILLAUME

LA CORRECTION

_La_ Massière, _la comédie de M. Jules Lemaître, dont la première
représentation vient d'être donnée cette semaine, et que nous allons
publier prochainement, introduit les spectateurs dans le monde des
peintres. L'amusant premier acte, qui se déroule dans l'atelier
Justinien, aura révélé à beaucoup, avec sa pittoresque mise en scène, un
milieu tout nouveau pour eux. Le tableau de M. Albert Guillaume que nous
reproduisons ici pourrait constituer, bien qu'il soit antérieur à la
pièce, l'illustration très exacte de l'une des scènes, au type près du
professeur: celle où Marèze, le «cher maître», s'assied à la place d'une
élève pour corriger l'étude en train. C'est le cadre familier à
quiconque a fréquenté tant soit peu l'une ou l'autre des «académies»
disséminées dans Paris, de Montmartre à Montparnasse: le grand vitrage,
d'où tombe la lumière égale et froide du nord; les murs gris où
s'accrochent des masques ou des fragments de statues, et aussi
quelques-unes des meilleures esquisses des élèves dont l'atelier
s'honore; à terre, des cartons à dessin; et au milieu de tout cela,
devant la table à modèle, la ligne des chevalets devant lesquels
peinent, bien sages, bien appliquées, qui en blouses garçonnières, qui
ceintes du tablier des ménagères ou des ouvrières, les aspirantes à la
gloire de Rosalba, de Vigée-Lebrun ou de Rosa Bonheur. Le vieux
professeur va de l'une à l'autre, ajustant sur son nez l'indispensable
binocle, conseillant, louangeant, critiquant: «Mais non, mais non, mon
enfant, comme dit Marèze, dans la_ Massière, _ça n'est pas ça... Combien
avez-vous de têtes?... Huit têtes, hein? au moins... Et le modèle,
combien?... Six, six et demi. Alors?... Regardez mieux!...»_]


[Illustration: M. Carolus-Duran conversant avec notre correspondant M.
Ziegler dans le jardin de la Villa, par un froid exceptionnel.
M. CAROLUS-DURAN A LA VILLA MÉDICIS]

_Lettre et photographies de notre correspondant de Rome._

Le changement de directeur de notre Académie nationale à Rome a été un
véritable événement dans le monde artistique. Le départ de M. Guillaume
a donné lieu dans la presse à des considérations extrêmement flatteuses
pour le «vétéran de l'art». Ses _Etudes d'art antique et moderne_, aussi
bien que ses oeuvres sculpturales, lui avaient valu en Italie une grande
renommée. On avait pour lui comme un sentiment de vénération.

Quant à son successeur, M. Carolus-Duran, on sent de la chaleur dans
l'accueil sympathique que lui ont fait les principaux journaux de la
péninsule. Son arrivée à la Villa Médicis a été saluée on pourrait
presque dire avec enthousiasme, car on connaissait, en plus de ses
oeuvres, son affection pour l'Italie, où il a séjourné un certain temps.

«J'adore l'Italie», c'est en effet ce qu'aime à répéter M. Carolus-Duran
à tous les journalistes et personnalités qui l'ont approché depuis qu'il
est à Rome. Et ce qui le rend encore plus agréable aux Italiens, c'est
qu'il le dit dans leur _divine langue_.

«Tout ce qui existe sous votre beau ciel m'est cher, disait-il à l'un
d'eux. Je ferai de la Villa Médicis un centre intellectuel, où se
rencontreront tous ceux qui en Italie ou en France s'adonnent aux arts,
aux lettres et même à la politique Du moment que nous nous connaîtrons,
nous nous aimerons.»

[Illustration: M. Carolus-Duran frappant à la porte de l'atelier d'un
sculpteur.]

Le nouveau directeur de la Villa Médicis m'a raconté lui-même comment il
a appris l'italien. C'est au couvent des bénédictins de Subiaco, où il
resta dix mois pour l'exécution de son fameux tableau: la _Prière du
soir_. Les bons moines furent ses maîtres.

Quel directeur sera M. Carolus-Duran? Il déclare vouloir être un ami
pour les jeunes artistes pensionnaires. «J'essayerai de toute façon,
dit-il, de leur faire facile et libre la vie d'art qu'ils vivent à la
Villa Médicis. Je sais par expérience combien âpre est la voie pour
arriver au but.» Il désirerait surtout les voir voyager non seulement en
Italie, mais dans tous les pays où il existe des monuments et
d'importantes collections d'art. Plus de copies, système suranné, mais
la liberté de créer selon leurs aspirations et inspirations
personnelles.

Naturellement, c'est à l'Académie des beaux-arts à décider
souverainement de l'opportunité de ces réformes. Toutefois, un vent
nouveau semble dès maintenant souffler sous les arceaux et les ombrages
de la Villa Médicis. P. Z.

[Illustration: M. Carolus-Duran M. Guillaume.

A L'ACADEMIE DE FRANCE A ROME.--M. Carolus-Duran s'entretenant avec son
prédécesseur, M. Guillaume, dans le cabinet directorial de la Villa
Médicis.]


M. PAUL DOUMER

[Illustration: M. Paul Doumer, président de la Chambre des
députés.--_Phot. Pierre Petit._]

M. Paul Doumer vient d'être élu à la présidence de la Chambre des
députés, battant de vingt-cinq voix M. Henri Brisson, président sortant.
C'était depuis longtemps déjà un de nos hommes politiques les plus en
vue et il en est peu qui, avant la cinquantaine, aient une carrière
aussi bien remplie.

Ses débuts dans la vie furent très modestes. Né à Aurillac (Cantal) en
1857, il passe de l'école primaire à l'atelier d'un fabricant de
médailles, où il entre comme apprenti. Plus tard il professe les
mathématiques au collège de Mende, puis au lycée de Laon: l'instruction
secondaire acquise en «piochant» dur, en dehors du travail manuel, a
fait de l'artisan un licencié ès sciences. Lorsqu'il quitte l'Université
pour prendre la direction d'un journal républicain de l'Aisne, M. Doumer
n'a pas trente ans; une fois sur le chemin de la politique, il avancera
d'un pas rapide et sûr: député de son département d'adoption en 1888, de
l'Yonne en 1893, réélu dans l'Aisne en 1902; rapporteur de plusieurs
lois importantes; ministre des finances du cabinet Léon Bourgeois, en
1895; appelé en 1896, sous le ministère Méline, au poste de gouverneur
général de l'Indo-Chine, qu'il occupa cinq ans en y montrant de
remarquables capacités d'administrateur. Hier, l'ancien ministre des
finances présidait la commission du budget; aujourd'hui, le voilà élevé
à l'une des plus hautes situations de la République.

En voyant M. Doumer, toujours jeune et alerte, monter au fauteuil, il
nous souvient du temps où, attaché au président Floquet en qualité de
chef de cabinet, il marchait dans l'ombre solennelle et tutélaire de cet
homme d'Etat. Maintenant, c'est pour lui que les tambours battent aux
champs et que retentit la voix sonore de l'huissier annonçant: «Monsieur
le Président!» Il a bien le droit d'en éprouver quelque fierté, étant
surtout, comme on dit, le fils de ses oeuvres.


LA TOMBE DE KRUGER

L'Angleterre, en la circonstance, généreuse, humaine, a permis que le
cercueil du président Kruger fût ramené au Transvaal. L'«Oncle Paul»
dort maintenant son dernier sommeil parmi les siens, dans la terre
natale, au cimetière de Pretoria, où sa tombe a été ouverte à la suite
de celles de son petit-fils, de son fils et de la vaillante compagne de
sa vie.

Jusqu'au suprême moment où il vint rejoindre là les êtres chers, la
fatalité semble s'être acharnée sur le malheureux vieillard. Un de nos
correspondants nous rapporte un incident qui a failli retarder ses
obsèques définitives.

Le corps devait être exposé, pendant une semaine, dans la vieille église
de Pretoria, maintenant abandonnée et remplacée par un temple tout neuf.
Mais, le clocher de cette église ancienne menaçant ruine, on voulut,
craignant quelque accident, l'abattre avant de permettre à la foule de
pénétrer dans l'édifice. L'opération fut malheureusement conduite et fut
à deux doigts de tourner à la catastrophe. Le clocher, sur lequel on
avait équipé des câbles, tirés par des automobiles, s'écroula de façon
si malencontreuse qu'il produisit de graves dégâts et qu'on dut
hospitaliser le cercueil dans un autre immeuble religieux, la Suzanna
hall. C'est de là que la dépouille mortelle de Kruger est partie pour
aller reposer auprès des siens.

[AU CIMETIÈRE DE PRETORIA.--Les tombes de la famille Kruger.

(A gauche: la tombe du petit-fils de l'ex-président: Paul Kruger; puis
celle de son fils: Pierre; celle de sa femme et, enfin, à droite et
ouverte, celle prête à recevoir le cercueil de l'ex-président.)--_Phot.
comm. par M. Gh. Laine._]


_Documents et Informations_.

LE SLEEPING DES ENFANTS ASSISTÉS.

[Illustration: Le sleeping des enfants assistés.]

En 1895, l'administration de l'Assistance publique avait fait construire
un wagon spécialement aménagé pour conduire ses pupilles à l'hôpital
marin de Berck. Lors de la création du sanatorium d'Hendaye, il y a
quatre ans, on dut se contenter de ce même wagon pour assurer le
transport des petits malades qu'on y dirigeait. Mais on conçoit que la
voiture, étudiée en vue d'assurer le confortable suffisant pour un
voyage de quelques heures, ne remplissait qu'imparfaitement son rôle
alors qu'il s'agissait de faire parcourir aux enfants 800 kilomètres de
voie ferrée. Aussi, dès son arrivée à la direction de l'Assistance
publique, M. Mesureur se préoccupa de remédier à cet état de choses et
mit à l'étude la création d'un «sleeping» spécial au sanatorium
d'Hendaye.

Le wagon nouveau vient d'être achevé.

Il est de dimensions un peu inusitées: 15 mètres de longueur, 2m,95 de
largeur et 2m,60 de hauteur: ce sont les cotes maxima que permettent et
le gabarit des ouvrages d'art et les courbes de la voie. Le wagon, en
effet, n'est pas monté sur boggies. On a adopté un système de châssis
rigide, formant corps avec la caisse et reposant sur des ressorts très
doux qui a pour but d'amortir autant qu'il est possible la trépidation
de la marche.

Intérieurement, il est divisé en trois compartiments principaux, la
partie centrale étant réservée aux enfants; les deux extrémités
affectées au personnel, chef de convoi, infirmiers qui les accompagnent,
et aux services accessoires: office, lingerie, etc. La partie où sont
logés les enfants,--la plus intéressante à montrer,--est elle-même
coupée par un couloir central. Elle comprend quatorze compartiments de
longueurs variables, où l'on installe les petits voyageurs suivant leur
âge.

Chaque compartiment est pourvu de deux banquettes se faisant face et sur
lesquelles peuvent prendre place quatre enfants assis. Les dossiers de
siège, en se rabattant sur les banquettes, forment deux lits, complétés
par les coussins de sièges et de dossiers, servant de matelas. En outre,
dans chaque stalle, est fixé, le long de la paroi longitudinale de la
voiture et au-dessus de la fenêtre du compartiment, un hamac, relevé
pendant le jour contre cette paroi, et facile à rabattre, pour le
service de nuit. Ainsi, chaque compartiment peut donc recevoir trois
enfants convenablement couchés, la nuit, tous dans le sens de marche du
train, et, pendant le jour, un enfant sur trois peut encore se reposer,
en s'étendant sur l'une des deux banquettes, disponible pour lui seul,
alors que ses deux petits camarades sont assis en face de lui.

Et il serait superflu d'ajouter que l'on s'est par-dessus tout préoccupé
d'assurer à cette voiture un aménagement hygiénique par excellence.

[Illustration: Aménagement de jour: les banquettes. Aménagement de nuit:
les couchettes LE SLEEPING DE L'ASSISTANCE PUBLIQUE--Photographies
Anthony's]

La périodicité dans les phénomènes biologiques.

Un médecin autrichien, M. H. Swoboda, a remarqué que les souvenirs--d'un
événement, d'une mélodie, etc.--ont une tendance à surgir spontanément
au bout de certaines périodes. Une de ces périodes, pour lui, a
vingt-trois heures de durée, c'est-à-dire que le souvenir revient
volontiers, de lui-même, vingt-trois heures après le moment de la
perception. Il y a d'autres périodes plus longues, qui sont des
multiples de la première: ainsi, le souvenir revient aussi, brusquement,
au bout de quarante-six heures; on observe de même des réveils de
souvenir au bout de vingt-trois jours.

Les périodes de vingt-trois, quarante-six, etc., s'observent chez
l'homme; chez la femme elles sont un peu différentes; on observe plutôt
dix-huit heures que vingt-trois, vingt-huit jours que vingt-trois M.
Swoboda explique ces faits par des oscillations périodiques auxquelles
serait soumis l'organisme, oscillations qui suivraient un rythme
régulier. La période masculine serait de vingt-trois jours; la féminine
de vingt-huit. Un autre médecin de Vienne. M. Fliess, a déjà observé
l'existence de périodes analogues dans les phénomènes pathologiques:
crises d'angoisse, migraines, saignements de nez, etc. Cette périodicité
expliquerait le retour spontané des souvenirs, tout comme elle
expliquerait le fait assez souvent observé du retour, à intervalles
réguliers, de certains rêves. Elle expliquerait aussi comment il se fait
que les rêves portent souvent sur des circonstances déjà assez
lointaines, plutôt que sur les événements de la veille: les souvenirs
d'il y a vingt-trois ou quarante-six jours pour l'homme, ou d'il y a
vingt-huit jours pour la femme, reviendraient plus spécialement à
l'esprit durant le sommeil.

La périodicité jouerait encore un rôle important dans les phénomènes de
la mémoire: M. Swoboda assure qu'il vaut mieux apprendre une pièce qu'il
faudra réciter par coeur vingt-trois ou quarante-six heures avant de la
réciter, qu'à d'autres intervalles; et, si l'on apprend en plusieurs
fois, mieux vaut faire coïncider la répétition avec la phase d'évocation
spontanée.

Les faits dont parlent M. Swoboda sont fort curieux. Il nous paraît
certain que bon nombre de médecins ou d'observateurs ont dû constater
des faits de périodicité sur leurs malades ou sur eux-mêmes. En tout
cas, s'ils portent leur attention de ce côté, ils devront en constater.
Peut-être quelques-uns d'entre eux auront-ils l'obligeance de nous faire
connaître le résultat de leur observation: il pourra intéresser les
lecteurs et servir à faire mieux connaître une loi qui a de l'importance
et dont on pourra tirer un parti pratique.

LE PLATINE À MADAGASCAR.

Le _Bulletin économique_ de Madagascar signale une découverte
importante, faite dans la rivière de l'Isonjo, de la province de
Farafangana, où une révolte a récemment éclaté. Des laveurs d'or ont
recueilli quelques fragments d'un métal blanc qui, expédiés au service
des mines, ont été reconnus comme composés de platine natif. Le platine
est un métal très rare et coûteux; la plus grande partie du platine qui
se trouve dans le commerce provient des mines de la Russie. Il est très
désirable que l'on trouve de nouveaux dépôts de cette substance
précieuse. Le platine est employé dans l'industrie, où il sert à la
fabrication des cornues dans lesquelles s'opère la concentration de
l'acide sulfurique.

On en fait beaucoup usage aussi dans la confection des lampes à
incandescence, en raison de son coefficient de dilatation, voisin de
celui du verre.

Enfin, c'est un métal précieux pour les laboratoires de chimie et de
physique, où, très résistant à la chaleur et très malléable en même
temps, il sert à faire des creusets, des cornues, des tubes, pour
différentes réactions exigeant une haute température ou l'intervention
d'acides très puissants. Dans nos appartements, le platine sert encore,
sous forme de mousse, à allumer les becs de gaz, sans allumettes: il a
le pouvoir, en absorbant les gaz, de s'échauffer assez pour les
enflammer. A l'état naturel, le platine se présente sous la forme de
paillettes ou de petits grains irréguliers; on le trouve le plus souvent
parmi les produits de désagrégation des roches anciennes, avec d'autres
métaux lourds, le fer et l'or en particulier.

A Madagascar, c'est avec l'or qu'on l'a découvert et, étant donnée sa
valeur commerciale, c'est une acquisition précieuse. On va explorer
attentivement la rivière de l'Isonjo et ses affluents, pour mettre la
main, si possible, sur les roches d'où proviennent les débris découverts
à Bemahala, sur le gisement original du métal si recherché. Il faut
espérer que le gisement sera assez riche pour qu'il vaille la peine d'en
faire l'exploitation méthodique.

COMMENT SE COMPORTENT LES GLACIERS.

On sait qu'il existe une commission internationale des glaciers qui
s'est chargée de la surveillance des montagnes et de leurs glaciers Le
but de cette commission est principalement scientifique: il s'agit
simplement de savoir si les glaciers augmentent ou diminuent, les
variations fournissant des indications sur les tendances générales du
climat, sur les probabilités de périodes chaudes ou froides, sèches ou
humides; il est en outre intéressant de suivre les variations des
glaciers en corrélation avec les études météorologiques qui se font sur
l'ensemble du globe. Enfin, les études sur les glaciers présentent un
intérêt pratique en indiquant les oscillations probables des sources et
des torrents constituant la houille blanche. Chaque année la commission
publie un rapport d'ensemble. Celui qui vient de paraître nous fait
savoir qu'en Suisse la plupart des glaciers sont en décrue ou
stationnaires. Il y en a treize qui présentent une légère crue: trois
seuls sont en crue certaine, ce sont trois affluents du Rhône. Dans les
Alpes autrichiennes, il en va assez généralement de même: les glaciers
qui reculent sont plus nombreux que les glaciers qui avancent. En
Dauphiné, d'après M. Kilian, recul général: il y a même des glaciers qui
semblent devoir mourir à brève échéance, leur décrue persistant depuis
trente et quarante ans. Il est vrai qu'ils pourront un jour ressusciter.
Et il en est qui ont la vie dure: les glaciers de Porteras et de la
Grande Roche du Lauzou sont quasi morts depuis vingt ans; mais ils n'ont
pas totalement disparu encore. Partout il y a recul dans le Dauphiné, et
ceci n'est pas encourageant pour les nombreuses industries qui vivent de
la force hydraulique.

Il y a eu, de 1860 à 1891, un mouvement de recul très prononcé. Depuis
1893, ce mouvement s'est ralenti, mais il existe toujours. Sans doute,
il s'arrêtera avant longtemps pour être remplacé par une crue qui durera
un certain nombre d'années.

LA DESTRUCTION DE L'OEUF D'HIVER DU PHYLOXÉRA PAR LE LYSOL.

Est-il possible de maintenir indemnes de l'invasion phylloxérique les
vignes non atteintes, aussi bien que les plantations nouvelles? M.
Balbiani l'avait autrefois affirmé et de récentes expériences de M. G.
Cantin démontrent la légitimité de cette prétention.

En trempant des boutures, avant la plantation, dans une solution de
lysol à 1%, et en soumettant chaque année les jeunes plants à une simple
pulvérisation effectuée au commencement de mars, après la taille, avec
une solution d'eau lysolée à 4%, M. Cantin a obtenu, depuis quatre ans
la préservation parfaite de plants français francs de pied. La vigne n'a
d'ailleurs nullement souffert du traitement, bien au contraire.

LE CANCER CONTAGIEUX DES SOURIS.

On n'a pas encore trouvé le microbe du cancer, mais tout porte à croire
que le cancer est une maladie microbienne et le fait que, chez certaines
espèces, on voit se produire de véritables épidémies de cancer est une
preuve suffisante de la nature animée de la cause du mal.

Dans l'espèce humaine, la contagiosité du cancer n'est encore que
soupçonnée, en dépit de l'existence indiscutable des «maisons à cancer»
et surtout de l'expansion du mal dans les grandes villes. Ainsi, à
Paris, chaque année, les cas de cancer sont plus nombreux.

Mais il est une espèce, la souris, où le cancer est très fréquent et où
l'on observe de véritables épidémies de cancer.

Trois de ces épidémies viennent d'être observées, dont l'une à
Buenos-Ayres, par M. Linière, et deux à Paris, par M. Giard et par M.
Borel.

Au cours d'une de ces dernières, 20 souris sur 200 furent atteintes.

Comment se transmet la maladie? C'est ce qu'il a été impossible aux
observateurs de déterminer.

Il y a quelque dix ans, un expérimentateur, M. Morau, avait pu démontrer
que ce cancer des souris est transmissible par des piqûres de punaises.
Mais, dans le dernier cas dont il s'agit, ni la nourriture avec des
produits cancéreux ou avec des excréments de souris cancéreuses, ni les
piqûres d'acariens parasites n'ont paru avoir la moindre influence dans
la transmission du mal.

Le problème de la cause du mal et de ses modes de transmission est donc
encore sans solution.

LA CRIMINOLOGIE MODERNE.

Un célèbre criminologiste italien, M. Garofalo, dans un ouvrage récent,
estime au chiffre de 15.000 à 16.000 le nombre des affaires d'homicide
soumises annuellement aux juges d'instruction en Russie. En France, la
moyenne annuelle de 1896 à 1900, a été de presque 1.200. En Italie, en
1899, on a dénoncé 3.587 crimes. Au total, le chiffre moyen annuel des
condamnés pour meurtre, assassinat, parricide, infanticide et
empoisonnement pourrait être évalué à 10.000 pour l'Europe, moins la
Pologne, le Caucase et la Turquie. Et l'on sait que les condamnations ne
représentent qu'un peu plus du tiers des criminels.

D'autre part, on a calculé que sept nations d'Europe (France, Allemagne,
Angleterre, Autriche-Hongrie, Italie, Russie et Espagne) dépensent à
elles seules près de 222 millions par an, rien que pour l'entretien des
prisonniers et pour l'administration des prisons. Si l'on ajoutait à ces
frais ceux des agents de la sûreté, on atteindrait des chiffres énormes.

Par contre, les détenus ne produisent guère que 20 millions de francs,
soit le neuvième de la dépense dont ils sont l'occasion.

M. Garofalo, en présence de ces chiffres, pense qu'il y aurait profit à
chercher un moyen d'utiliser l'activité mentale des criminels, en les
plaçant dans des milieux capables de modifier heureusement cette
activité et non, comme on le fait toujours, dans des prisons ou des
bagnes, où on les condamne à perpétuité à conserver leur mentalité de
criminels.

COMMENT SE PROPAGE L'ANÉMIE DES MINEURS.

On se rappelle que lors du percement du Saint-Gothard les mineurs eurent
fort à souffrir d'une maladie qui a conservé le nom d'«anémie des
mineurs». Cette anémie était due à la présence d'un parasite, d'un petit
ver qui, vivant en troupes nombreuses dans l'intestin, déterminait
rapidement un état d'anémie très prononcé et très persistant. On
reconnut bientôt que ce parasite se propageait par l'eau de boisson et,
pour éviter qu'il se répandit davantage, on veilla à ce que l'eau
potable ne pût être contaminée par les déjections des malades. Le mal
perdit de son intensité, mais il n'a pas disparu: les sujets atteints le
promenèrent à droite et à gauche; ils l'introduisirent dans beaucoup de
mines en particulier, où la malpropreté facilita la contagion, et l'on a
signalé la présence de l'anémie des mineurs ou ankylostomiase--le
parasite porto le nom d'ankylostome duodénal--dans quelques mines
anglaises, ces temps derniers. L'ankylostomiase existe aussi dans toute
la région du sud des Etats-Unis: elle y est très répandue et c'est à
elle qu'on attribue l'apathie et la paresse d'une partie importante de
la population blanche de la région du delta du Mississipi. Une
découverte intéressante vient d'être faite au sujet de cette anémie.
C'est qu'elle ne se propage pas seulement par l'eau de boisson; il ne
suffit pas d'être assuré de la pureté de celle-ci pour éviter le mal.
Celui-ci peut se prendre par la peau. Vivant dans le sol et dans l'eau,
il peut s'introduire sous la peau si celle-ci présente une petite
écorchure. Il y a quelques années déjà, un helminthologiste bien connu,
M. Looss, avait émis l'opinion que ce mode d'infection devait exister;
mais le public médical se montra hostile à cette vue. Tout récemment, un
autre investigateur, M. P. Schaudinn, du Comité sanitaire allemand, a
repris l'idée de Looss et l'a soumise à l'épreuve, arrivant à ce
résultat qu'en effet l'ankylostomiase peut parfaitement se propager par
la peau. Des ankylostomes vivants, en contact avec une écorchure, y
pénètrent et gagnent l'intestin où ils s'installent. M. Schaudinn
confirme, en même temps, les vues d'un médecin anglais, M. Bentley, qui,
il y a peu de temps, déclarait que la démangeaison des pieds souvent
observée chez les _coolies_, qui, en Assam, travaillent pieds nus dans
les plantations de thé, doit être due aux larves d'ankylostomes qui
s'introduisent dans les tissus. Ces coolies sont fort malpropres: il n'y
a pas de cabinets d'aisances, et, dès lors, les sujets sains, marchant
sur le sol et s'y écorchant le pied, ont celui-ci sans cesse en contact
avec des ankylostomes évacués par les malades. La contagion est très
facile. Et les conclusions de ceci est qu'il faut, pour éviter
l'ankylostomiase là où il y a des sujets malades, surveiller sa peau
aussi bien que sa bouche et éviter tout contact externe avec l'eau et le
sol, du moment où l'on a une écorchure, si légère soit-elle.

_Mouvement littéraire._

_Les Charmes_, par M. Catulle Mondes (Fasquelle, 3 fr. 50).--_Chansons
des enfants du peuple_, par Xavier Privas (Rueff, 3 fr. 50).--

_Poésies de France et de Bourbon_, par Maurice Olivaint (Lemerre, 3 fr.
50).--_Contes anciens_, par Charles Callet (Lemerre, 3 fr. 50).

Les Charmes.

Langueurs, mélancolies, rêves d'avenir, retours sur le passé,
sollicitudes,-tout ce qui remplit une âme aimante déborde dans les vers
de Mme Mendès. C'est tout elle-même, c'est tout le trésor fort riche de
ses sentiments qu'elle a répandu en ces poésies à la fois émues et
subtiles. J'ai le culte des classiques; peut être parfois Mme Mendès
affecte-t-elle de les dédaigner, de s'éloigner de leur claire et ferme
simplicité. Mais comment ne lui pardonnerait-on pas de ne point partager
nos principes littéraires? Elle nous séduit par sa musique singulière,
par les notes fines qu'elle trouve pour exprimer tout ce qu'elle
ressent, tous ses songes intérieurs. Pas de banalité, pas de lieux
communs; avec des tours et des expressions bien à elle, elle dévoile son
âme exquise. La plupart des poètes se ressemblent: ils nous chantent la
chanson commune, la petite déclamation ordinaire sur l'amour. Ici, c'est
un air nouveau que nous entendons; c'est tout un pays merveilleux et
intime qui se découvre. _Pluie en avril_ me semble une des plus
ravissantes pièces des _Charmes_:

        Hier, sur le jardin, le temps était si clair.
        L'air était si fragile avec ses fraîcheurs douces
        Glissant jusques au tronc parmi les jeunes pousses,
        Il faisait si charmant de clair espoir, hier!

        Il était si tentant au bord de la nature,
        Il semblait si facile et si cher de venir,
        A travers le printemps, rêver de l'avenir
        Avec ce coeur épris de divine aventure!

        C'était l'instant subtil où tout est si léger,
        Le soleil, les oiseaux, les fleurs de toutes sortes,
        Qu'il n'est pas nécessaire aux tiges d'être fortes,
        Que l'herbe a l'air d'attendre et le mur de songer,

        L'instant frais et subtil où le bonheur lui-même,
        Innocent de savoir et de joie ennobli,
        N'est fait que de douceur, de grâces et d'oubli...
        Et ce m'était léger de penser que je t'aime.

        Mais tout s'est obscurci, mais il pleut ce matin.
        Dans l'horizon brouillé plus rien ne se dessine,
        Une eau lourde et glacée accable la glycine,
        Un jasmin se détache et défaille soudain...

        Quelle main de dieu morne épand ce crépuscule
        Avec son voeu malsain, sournois, appesanti?
        Quelque chose est fini du printemps averti,
        Quelque chose est Uni de mon bonheur crédule...

Tout cela fait songer à une eau limpide et divine qui, tout irisée des
rayons du soleil, sort d'une fontaine, en léger filet, mais vient de
loin, des profondeurs de la terre. Les vers si joliment nuancés de Mme
Catulle Mendès partent de son âme profonde, légèrement agitée par
l'inquiétude.

Chansons des enfants du peuple.

M. Xavier Privas a été sacré prince des chansonniers. A Montmartre et au
quartier latin, qu'il charme tour à tour, on reconnaît sa maîtrise et
l'on s'incline devant lui quand il passe. Ne lui demandez pas de vous
dire la vieille chanson française, à la fois sensible, spirituelle et
gauloise. Il ne suit pas davantage ses confrères de Montmartre, lesquels
brodent quelques vers en argot sur les événements du jour et sur les
personnages politiques. M. Privas dédaigne les faciles succès et ne
verse jamais dans la caricature. Essentiellement lyrique est sa muse, et
parfois même légèrement baudelairienne. Elle s'attendrit sur les gants
des défuntes amies, renfermés dans un coffret, et qu'elle visite l'un
après l'autre le jour des morts. Les souvenirs tristes, les douleurs de
Pierrot et aussi les pures idées, voilà ce qui attire M. Privas. Chose
singulière! Il se fait applaudir avec cela du public le plus léger, le
plus ami de la joie dans les cabarets où l'on va pour s'amuser. Pas de
concession au mauvais goût; il ne sort jamais de sa mélancolie et de sa
noblesse; loin de descendre vers la foule et de s'adapter à ses
laideurs, il l'oblige à monter vers lui et vers la beauté. Dans
_Chansons des enfants du peuple_, lisons d'abord la _Nuit_:

        Douce nuit, étends ton suaire
        Sur les débris des jours mauvais
        Dont l'automne a jonché la terre;
        Douce nuit, sois la messagère
        D'une ère de joie et de paix!

        Cache les anciennes souillures
        Sous ton linceul aux lourds replis,
        Afin que les heures futures
        Soient moins pénibles et plus pures
        Que celles des temps accomplis.

        De celui qui pour la justice
        S'est glorieusement battu
        Sois la déesse protectrice
        Et veuille qu'un sommeil propice
        Répare son corps abattu.

        Fais-lui cueillir les asphodèles
        Du rêve en d'inconnus pays.
        Afin qu'aux sources immortelles
        Il puise des forces nouvelles
        Pour défendre ses droits conquis!

J'ai détaché cette page; le même idéalisme et le même art marquent
toutes ces _Chansons des enfants du peuple_, dont M. Privas a écrit la
musique en même temps que la poésie.

Poèmes de France et de Bourbon.

M. Maurice Olivaint est magistrat et poète. Que vaut-il comme magistral?
Je l'ignore. Je le suppose cependant plutôt débonnaire, n'appliquant pas
le Code dans toute sa rigueur, ne se complaisant pas aux désespoirs des
condamnés. Sa poésie, en effet, est pleine de douceur et de tendresse;
elle décèle un coeur enclin à la mansuétude et à l'attendrissement.
Longtemps justicier aux colonies, transporté de l'une à l'autre, M.
Olivaint a, dans plusieurs volumes, donné les impressions vives que
chaque exil lui a procurées. Nous avons surtout ici ce qu'il a songé à
l'île Bourbon. Les splendeurs des contrées brûlantes avec leurs palmiers
et leurs arbustes aux larges feuilles ne consolent pas les fils de la
France occidentale, lesquels sous les ardents rayons regrettent le
soleil plus pâle et jusqu'aux brumes du pays natal. Dans les poèmes où
M. Olivaint célèbre la puissante nature de Bourbon, il y a toujours un
peu de nostalgie. Et cependant la plus belle page du livre n'a pas trait
au pays de Leconte de Lisle, ni à la psychologie de M. Olivaint. Pour
l'écrire, le poète s'est isolé de lui-même et de ce qui l'entourait; on
dirait une enluminure tombée d'un manuscrit orné par un maître primitif:

        Quand la gloire des dieux rayonnait sur le monde
        La femme, dans l'orgueil d'un prestige exalté
        Par la lyre et le marbre où revit sa beauté,
        Se dévoilait sans honte à l'art qu'elle féconde.

        Le Verbe surprit home en sa luxure immonde.
        Néron, persécuteur d'un culte détesté,
        Traîne au cirque sanglant ta chaste nudité,
        Vierge vouée au Christ dont la grâce l'inonde.

        La crainte de la mort ne trouble point tes yeux.
        Mais tu croises les bras sur ton sein soucieux
        D'échapper aux regards que la jeunesse attire.

        Et ce geste éperdu qui te vêt de splendeur,
        Comme une fleur d'amour éclose du martyre,
        Aux hommes éblouis révèle la Pudeur.

M. Olivaint appartient au Parnasse par le souci de la rime sonore, de la
perfection du vers, mais la plupart du temps s'en sépare, par ce qu'il
met de sa personnalité, de ses visions particulières, de ses
intimités familiales dans ses _Poèmes de France et de Bourbon_. Ce n'est
pas un impassible. Leconte de Lisle lui même, infidèle à ses principes,
ne se montre-t-il pas constamment avec ses désirs et ses passions dans
sa vaste poésie?

Contes anciens.

Ecrit en prose,--en une prose harmonieuse et fastueuse,--le livre de M.
Callet ne se peut ranger ni dans la critique, ni dans le roman, ni dans
la nouvelle. C'est avant tout une oeuvre d'art pur et de poésie. Député
à l'Assemblée de 1871, orateur, écrivain, d'une plume habile et sûre
d'elle-même, le père de M. Callet a dirigé son fils vers les lettres,
mais sans l'amener à sa forme classique. Sans doute, il n'y a dans
_Contes anciens_ aucune tournure pénible, aucune difficile inversion,
aucune obscurité, mais partout une magnificence qui n'exclut pas
toutefois la précision et la préciosité du mot, et qui n'est pas là non
plus pour cacher l'absence de l'idée. M. Callet est somptueux, mais
cherche avec autant de soin les pensées neuves que les nouvelles
couleurs. Je ne sais quoi de désillusionné, un pessimisme parfois un peu
amer donne une saveur âcre aux _Contes anciens_. Rien ne relève la
poésie comme le désenchantement. Qui est content de tout et qui rit
toujours ne sera jamais un poète.

Je recommande tout particulièrement, dans les _Contes anciens_, la
_Bourse d'or_. Avant de donner sa fille à Bomuald, un riche marchand de
Hambourg exige que son futur gendre fasse, à travers les peuples, un
voyage d'une année et, pour ce, lui remet une bourse d'or. Plus
expérimenté, ne fera-t-il pas un meilleur mari? Le pèlerinage accompli
et les hommes mieux observés, le jeune homme revient, dépouillé de sa
naïve insouciance et de son généreux optimisme; il est grave et triste:
«Que ne m'avez-vous accordé cette main, dit-il à son père, quand ma
vingtième année vous implorait! Mon coeur était jeune, il s'ouvrait à la
vie; les soirs les plus sombres me semblaient des aurores; mon âme était
fleurie d'illusions. Vous avez fait tomber les fleurs en m'envoyant par
le monde! J'ai étudié les hommes, j'ai vu de près leurs agitations
stériles et mauvaises, je n'aime rien de ce qu'ils aiment.»--Dans le
conte des _Cheveux blancs_, superbe, violent, abondent les peintures
comme celle-ci: «L'empire gémissait sous la domination d'une reine, la
terrible Léto. Grande, hautaine, mystérieuse, déjà vieillissante, elle
écrasait le monde de son despotisme, broyait toute pensée, toute joie.
Malheur à ceux qu'elle voyait passer amoureux des fleurs du chemin, des
brises errantes, des sourires posés sur les lèvres des jeunes filles!...
Sa volonté dominait tout; ministres, émissaires, soldats rampaient
devant la traîne de son vêtement constellé de topazes...» Qui ne sent
dans ces lignes, dans les moindres mots de M. Callet un artiste épris de
la beauté et singulièrement soucieux et capable de la rendre?

E. Ledrain.


[Illustration: LE VICE-AMIRAL SHIBAYAMA, nouveau commandant de
Port-Arthur. _Phot. G. Bolak._]

Le premier soin des Japonais, une fois maîtres de cette citadelle de
Port-Arthur tant convoitée, devait être d'en préparer la défense. Ils se
disposent à y installer une forte station navale. C'est à l'amiral
Shibayama, dont nous donnons le portrait que va en échoir le
commandement, l'amiral Togo demeurant chargé de protéger la place vers
la haute mer.


LOUISE MICHEL

Louise Michel vient de mourir à l'âge de soixante-douze ans. Toujours
animée, malgré le déclin de ses forces, d'une toi agissante qui aura
soutenu son extraordinaire vaillance jusqu'à son dernier souffle, elle
faisait une tournée de conférences dans la région du Midi, lorsque, à
Sisteron, elle se sentit terrassée par une congestion pulmonaire; elle
exprima le désir d'être transportée à Marseille, chez une amie, Mme
veuve Légier; c'est là qu'elle s'est éteinte, le 9 janvier.

L'an passé, au mois de mars, l'intrépide conférencière avait failli
succomber, à Toulon, au même mal contracté à la suite des mêmes
fatigues. On la crut perdue et les journaux lui consacrèrent
prématurément des articles nécrologiques, de sorte que, convalescente,
elle eut le singulier privilège de pouvoir lire sa propre oraison
funèbre. Ils rappelèrent ses débuts comme institutrice, sa participation
active à l'insurrection de la Commune, sa transportation à la
Nouvelle-Calédonie à bord de la frégate _Virginie_, où elle eut pour
compagnon de route Henri Rochefort; ils montrèrent la «Vierge rouge»,
après bien d'autres vicissitudes, continuant à prêcher l'évangile
révolutionnaire, à pousser jusqu'au fanatisme exalté le culte de
l'utopie; ils dirent aussi ses qualités de coeur et sa proverbiale
charité... Mais une réaction inespérée s'opéra: la mort devait faire à
la patiente crédit de quelques mois.

C'est de l'époque de cette première maladie que date l'intéressante
photographie reproduite ici et qui, exécutée pour _l'Illustration_,
représente Louise Michel ayant à son chevet sa fidèle amie Charlotte
Vauvelle et le docteur Bertollet. Une des épreuves de cette photographie
est entre les mains de M. Rochefort, auquel la malade l'adressa avec la
dédicace suivante: «De la _Virginie_ à la mort, à travers les noirs
remous de la vie, la même amitié dure toujours.--A Henri Rochefort,
Louise Michel.--Toulon, 14 avril 1904.»


[Illustration: M. Paul Bourgeois, député de la Vendée doyen d'âge de la
Chambre. Phot. Ladrey.]

M. PAUL BOURGEOIS

Le docteur Paul Bourgeois qui, au Palais-Bourbon, a présidé la première
séance de la session, en qualité de doyen d'âge, est né en 1827; il
achèvera au mois de mai prochain sa soixante-dix-huitième année.

Son allocution d'ouverture débute en ces termes: «Mes chers collègues,
une Chambre républicaine radicale socialiste, présidée par un Vendéen,
un Vendéen resté royaliste, vous le reconnaîtrez, la chose n'est pas
banale.»

On ne saurait mieux préciser l'originalité de cette présidence éphémère.
Ajoutons que M. Paul Bourgeois, élu représentant à l'Assemblée nationale
le 8 février 1871, occupe sans interruption son siège de député depuis
trente-quatre ans.


M. ADRIEN ARCELIN

[Illustration: M. Adrien Arcelin.]

On vient de faire à Saint-Sorlin (Saône-et-Loire) des obsèques émues à
M. Adrien Arcelin, que l'Académie de Mâcon,--l'une des plus vénérables
sociétés savantes des départements,--à la veille de célébrer le
centenaire de sa fondation, avait, par acclamations, rappelé au fauteuil
de la présidence, tenant à avoir à sa tête, pour cette solennelle
commémoration, le plus éminent de ses membres. M. Arcelin était
originaire de Fuissé (Saône-et-Loire), il avait passé par l'Ecole des
chartes et quelque temps avait été archiviste du département de la
Haute-Marne. Mais son amour de l'indépendance, sa passion pour le
travail libre, ne s'accommoda guère de ces fonctions administratives,
qui lui prenaient le meilleur de son temps et paralysaient son
initiative personnelle, il revint au pays natal et put donner libre
carrière à son goût pour les études d'archéologie, de préhistoire et
d'anthropologie qui furent la grande passion de sa vie.

M. Arcelin a apporté à l'étude du Mâconnais préhistorique d'importantes
et décisives contributions.

Esprit infiniment distingué, âme excellente, M. Adrien Arcelin fut l'un
de ces savants trop modestes comme en abrite beaucoup la province, et
qui font davantage, sans bruit, pour la gloire durable de leur petite
patrie, que les batteurs d'estrade et les rhéteurs à voix d'or et à
grands gestes, dont pullule le monde.


LE DUEL BREITTMAYER-LUSCIEZ

Une erreur s'est glissée dans le bref compte rendu que nous avons publié
la semaine dernière. D'après le procès-verbal des médecins, M. Lusciez
n'a été, à aucun moment, «atteint à l'aisselle droite», et la crampe ou
contracture des muscles de l'avant-bras qui l'a empêché de continuer le
combat était «sans relation avec une piqûre superficielle n'ayant pas
même traversé la peau». Ces détails ont leur importance dans un duel
entre escrimeurs émérites.


LES THÉÂTRES

Nous ne pouvons qu'enregistrer, en dernière heure, le très grand succès
remporté, au théâtre de la Renaissance, par la _Massière_, de M. Jules
Lemaître, admirablement interprétée par MM. Guitry et Maury, Mmes
Brandès et Judic. Nous publierons, dans un prochain numéro, l'oeuvre
émouvante et charmante de l'éminent académicien.

[Illustration: Mlle Louise Michel sur son lit de convalescente à Toulon
(avril 1904). (A gauche, M. le docteur Bertollet; à droite, Mlle
Charlotte Vauvelle).
_Photographie prise pour "l'Illustration" par M. Bougault._]





*** End of this LibraryBlog Digital Book "L'Illustration, No. 3229, 14 Janvier 1905" ***

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